La fermeture des routes nationales semble détrôner tous les sports dans la wilaya de Béjaïa. Il n’y a pas une journée sans que les RN 9, 12, 24 et 75, traversant le territoire de cette région de Kabylie, ne soient coupées à la circulation par des citoyens pour exprimer leur ras-le-bol devant une multitude de problèmes, notamment l’incurie des pouvoirs publics qui demeurent non réceptifs.
Hier (19 Avril 2011) , c’est toute la population de la commune de Toudja qui est descendue dans la rue afin d’isoler le chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, en guise de mécontentement. Les citoyens de cette localité revendiquent, essentiellement, le raccordement au réseau de gaz naturel de leur commune, promis de longue date par les responsables de la wilaya et de la Sonelgaz. Les révoltés de Toudja ont monté des barricades fermant les accès à Béjaïa-ville, très tôt dans la matinée d’hier, provoquant une pagaille générale dans tous les sens de la circulation. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues, comme à l’accoutumée. «Je ne sais pas s’il y a vraiment des autorités dans ce bled, n’importe qui ferme la route nationale, chaque jour on vit le même calvaire, c’est vraiment honteux et pour ces gens et pour l’État qui ne lève pas le doigt devant ces dépassements sans limites. Franchement, on est dans une jungle et non dans une société civilisée», nous dira sur un ton extrêmement coléreux, un automobiliste qui nous a joint par téléphone, hier dans la matinée.
Celui-ci n’a pu regagner l’aéroport Abane-Ramdane afin de déposer sa famille pour le retour des vacances de Pâques. Du côté de l’Université de Béjaïa, le même climat de tension règne depuis les événements du 5 avril dernier où des centaines d’étudiants ont procédé au saccage du rectorat. Des rassemblements rassemblements de protestation se tiennent quotidiennement à longueur de journée dans les campus. Dans une déclaration, parvenue à notre rédaction à l’issue de l’assemblée générale des enseignants, qui se sont réunis mardi dernier, ces derniers jugent que la situation grave que traverse leur institution constitue une atteinte grave à l’éthique et à la déontologie de l’Université. «Ce n’est là qu’une diversion pour éluder la responsabilité du recteur quant à l’origine de la violence : l’intrusion de celui-ci, accompagné d’agents de sécurité au niveau de la table d’information des étudiants est une provocation», lit-on dans ledit communiqué. Dans leur déclaration, les enseignants ont non seulement condamné la violence dont ont été victimes les étudiants lors de cette journée du 5 avril mais demandent aussi un changement immédiat au sein de leur établissement. Suite à ces événements qui ont émaillé l’Université de Béjaïa, semant un véritable désordre pédagogique, où les cours sont carrément boudés depuis plusieurs mois, un autre mouvement est né, appelé Meca (Mouvement des étudiants contre l’anarchie). Selon une déclaration de ce dernier, le Meca est créé à la base d’une plate-forme de revendications légitimes aux problèmes que vit l’étudiant, qui ont pris une autre ampleur et d’autres buts qui sont loin des aspirations de l’étudiant de l’Université de Béjaïa. Les étudiants affiliés à ce mouvement ont appelé leurs camarades à crier «non à l’anarchie», «non à la manipulation des partis politiques», «non au détournement des revendications légitimes», «non au blocage des cours et non à la fermeture des campus».
Kamel Gaci